Leadership
Comment Mark Dever délègue l’autorité en tant que pasteur
Le « pasteur Mark », comme je l’appelle, a eu beaucoup d’occasions d’accroître son d’autorité et de prendre plus de responsabilités année après année : parfois, il saisit ces occasions, mais souvent, il choisit plutôt de déléguer à d’autres. Sa façon de déléguer l’autorité a façonné positivement la culture actuelle de notre Église.
Voici 20 manières dont Mark délègue son autorité et 10 conséquences de cela sur notre culture d’Église. Certaines ne peuvent être mises en pratique que par un pasteur principal, mais beaucoup sont applicables par tous.
Déléguer son autorité
- Fondez votre Église sur l’Évangile : dans notre Église, quelle que soit la personne qui enseigne, elle doit mettre l’Évangile à la première place. Le pasteur Mark nous a poussés à mettre cela en pratique. Quand les relations et le système hiérarchique sont fondés sur l’Évangile, les personnes qui disposent d’autorité ne cherchent pas à dominer les unes sur les autres, mais à se servir les unes les autres (Matthieu 20.25-28).
- Nommez une pluralité d’anciens rémunérés et non rémunérés : si le conseil d’anciens est uniquement constitué de personnel rémunéré, le statut de salarié impose nécessairement une hiérarchie entre les anciens, même si tous possèdent une voix lors des votes. Si le conseil est aussi constitué d’anciens non salariés, cela limitera les effets d’une telle hiérarchie et placera les anciens sur un pied d’égalité.
- Limitez le nombre de vos prédications : avec l’accord des anciens, Mark se limite à donner 50 ou 65 % des prédications du dimanche matin. Ainsi, d’autres peuvent grandir dans leur façon d’enseigner et gagner en autorité. L’assemblée apprend ainsi à dépendre plus de la Parole que d’un homme.
- Créez un maximum d’occasions d’enseigner l’Église : notre Église donne quatre-vingts cours bibliques pendant l’année (chaque cours s’étale sur sept à treize semaines). Il y a cinquante-deux occasions de prêcher lors de la méditation du dimanche soir et environ vingt-cinq d’enseigner lors de l’étude biblique du mercredi. Au total, les activités de l’Église prévoient cent-cinquante occasions d’enseigner que d’autres hommes peuvent mettre à profit, sans compter les groupes de maison. Dans l’ensemble, cela permet à d’autres voix de se développer et de gagner en autorité, et l’assemblée devient plus dépendante de la parole que d’un seul homme.
- Donnez rarement (voire jamais) la méditation du dimanche soir : Mark ne le fait jamais dans notre Église. L’assemblée bénéficie de l’enseignement d’un ancien ou d’un potentiel futur ancien.
- Laissez aux plus jeunes la liberté de faire des erreurs : je me souviens d’une ou deux fois où un enseignant ou un prédicateur a dit quelque chose de si inapproprié qu’on ne lui a plus jamais demandé de prêcher. Mais de manière générale, dans notre Église, nous laissons aux jeunes enseignants beaucoup de liberté d’être ennuyeux et de faire des erreurs. L’assemblée dépend plus de la parole de Dieu que du pasteur Mark, c’est pourquoi elle est très patiente avec les prédicateurs plus jeunes, et les prédicateurs plus jeunes peuvent grandir en expérience.
- Laissez les autres vous voler vos idées : Mark donne aux autres enseignants toute liberté d’adapter ses anecdotes, d’emprunter ses meilleures répliques et d’imiter ses prédications.
- Soyez prêt à perdre des votes au conseil d’anciens : j’ai entendu parler de certains pasteurs qui « ne perdaient jamais de votes ». Si c’est votre cas, qu’attendez-vous pour vous débarrasser de vos anciens et prendre les rênes ? Vous êtes en train de les priver de toute autorité !
- Soyez lent à parler et parlez peu pendant les conseils d’anciens : trois fois par an, nos anciens reçoivent des pasteurs d’autres Églises pour qu’ils assistent à leur réunion. Ces personnes sont souvent surprises de constater que Mark parle très peu et que les autres anciens n’ont pas peur d’exprimer une opinion différente de la sienne.
- Ne présidez ni les conseils d’anciens ni les réunions de membres : laisser quelqu’un d’autre animer les réunions et établir l’ordre du jour est un moyen efficace de déléguer son autorité. (NDT : il faut prendre en compte le contexte américain ici, avec un nombre d’anciens beaucoup plus importants qu’en France.)
- Laissez les autres anciens animer la discussion lorsque vous abordez des points délicats en réunion de membres : lorsqu’il s’agit de discipline d’Église, de grosses décisions financières ou de sujets sensibles, c’est souvent l’ancien le plus impliqué dans l’affaire qui est le plus apte à conduire l’assemblée lors des échanges publiques.
- Formez un comité qui vous conseille d’accepter ou de décliner les invitations : si vous êtes régulièrement invité à intervenir ailleurs, formez un comité composé de responsables et/ou d’anciens pour vous aider à prendre vos décisions. Soyez prêt à vous laisser guider, voire à les laisser prendre la décision à votre place.
- Investissez-vous dans un domaine et déléguez le reste : Mark s’engage à préparer les prédications et s’y investit pleinement. Dans presque tous les autres domaines, il laisse faire les autres. Si quelqu’un souhaite que l’Église s’investisse plus dans un domaine, Mark laisse à cette personne toute latitude pour s’en occuper. Cela permet d’identifier les personnes qui ont un don de leadership.
- N’essayez pas faire du « micro management » : il y a certains domaines où Mark fait du « micro management ». Par exemple, il s’assure que tous les membres de l’équipe arrivent à l’heure aux réunions et au culte. Mais dans les autres domaines, il laisse le champ libre. Quand un pasteur essaie de tout contrôler, non seulement il s’épuise, mais il empêche aussi les autres de prendre des initiatives.
- Faites un bilan de vos cultes : en organisant chaque semaine un bilan du culte lors duquel tous pourront faire part de leurs retours et recevoir des critiques constructives, vous enseignerez aux autres à développer un esprit critique, à réfléchir et à mieux aimer votre assemblée. Ainsi, vos responsables progresseront. Mais ça ne s’arrête pas là…
- Acceptez les critiques : Mark montre l’exemple en invitant son équipe à émettre des critiques. Cela donne la liberté aux potentiels futurs responsables de développer leurs compétences. Si vous n’acceptez jamais aucune critique, vous véhiculez l’idée que tout le monde doit se conformer à votre manière de faire. Ce genre d’environnement n’est pas fertile à l’émergence de nouveaux responsables. Au contraire, ceux-ci renonceront ou s’en iront.
- Invitez les anciens laïcs à partager leurs retours lors du bilan du culte : Mark n’oblige pas les anciens qui ne sont pas rémunérés par l’Église à participer aux bilans du culte, mais il les invite à y assister et à y donner leur avis s’ils le souhaitent.
- Priez pour les autres Églises et dénominations : en priant pour les autres Églises ainsi que pour les autres dénominations, vous limiterez l’esprit de clan et aiderez votre assemblée à se focaliser sur l’Évangile plutôt que sur son pasteur. Par conséquent, vous favoriserez la prise d’initiatives centrées sur l’Évangile parmi les leaders en devenir de votre Église.
- Soyez prompt à pardonner : Mark est l’une des personnes les plus promptes à pardonner que je connaisse. Une personne focalisée sur les défauts des autres aura de la peine à déléguer son autorité. Si vous ne voyez chez les autres que leurs défauts, vous ne leur ferez pas confiance et ne leur confierez aucune responsabilités. Mais si vous êtes prompt à pardonner, cela vous sera beaucoup plus facile.
- Réjouissez-vous des succès d’autrui : ressentez-vous le besoin d’être toujours celui qui marque ou pouvez-vous vous contenter de faire la passe décisive ? Mark se réjouit autant des succès d’autrui que des siens. En fait, il est content quand il peut déléguer ses tâches. Cela lui donne la possibilité de faire d’autres choses.
Les bienfaits de la délégation pour l’Église
Quand un pasteur qui détient l’autorité « supérieure » est connu pour savoir déléguer son autorité aux anciens et à d’autres membres de l’assemblée, la culture de l’Église s’en trouve transformée.
- L’Évangile occupe la première place : en déléguant votre autorité, vous apprendrez à l’Église à se centrer sur la mise en pratique de l’Évangile plutôt que sur son pasteur.
- Cela encourage les relations authentiques : quand des responsables veillent jalousement sur leur autorité, les relations sont minées par les jeux de pouvoirs et les intrigues. Les responsables sont constamment sur la défensive, ne se rendent jamais vulnérables, et il y a peu de transparence. Mais quand la confiance et l’autonomie règnent, nous sommes plus enclins à être honnêtes et transparents.
- L’esprit de clan disparaît : quand une personne délègue, elle montre que c’est la transmission de l’Évangile qui la préoccupe avant tout, qu’importe la personne qui tient les rênes (voir Philippiens 1.12ss).
- L’Église est encouragée à partager : quand je vois que mon pasteur ne recherche pas ses propres intérêts, cela m’incite moi-aussi à m’investir.
- La hiérarchie de classes est abolie : dans notre Église, beaucoup de personnes occupent des postes « importants » dans le domaine professionnel. Cela crée donc une sorte de hiérarchie sociale. Pourtant, tous nos membres ont une relation d’égal à égal. Pourquoi ? Parce que l’Évangile demeure au centre. Nous sommes tous des pécheurs qui ont été sauvés par grâce. De plus, Mark n’utilise pas sa position pour dominer les autres. Il montre ainsi l’exemple à l’assemblée.
- Cela cultive la confiance : quand je vois que mon pasteur ne recherche pas ses propres intérêts, j’arrive mieux à lui faire confiance, même quand il me demande de faire un sacrifice.
- L’Église apprend à se laisser enseigner et à accepter les critiques : si je fais confiance à mon pasteur, je suis prêt à écouter ses critiques à mon égard. Je sais qu’il le fait par amour et non par esprit de rivalité.
- L’assemblée est encouragée à pardonner : quand un responsable est prompt à pardonner, il a plus de facilité à déléguer son autorité. Et cela enseigne au reste de l’Église à faire de même.
- L’Église est encouragée à se former et à former : une Église dont le pasteur œuvre constamment pour former les autres et leur confier de nouvelles responsabilités adoptera la même vision, car elle en verra les fruits.
- L’Église apprend à se préoccuper des autres communautés : en formant et en envoyant des responsables, l’Église comprendra que son rôle n’est pas seulement de se fortifier elle-même, mais d’aider les autres à être elles aussi heureuses et en bonnes santé.
Attention : il est possible de mal déléguer. Pour bien déléguer, il faut de la sagesse. Mark a dit un jour qu’il présuppose que Dieu donne à chacun de jouer un instrument dans l’orchestre, et que son rôle de pasteur, c’est d’aider chacun à découvrir quel instrument est le leur.
Pour résumer, interrogeons-nous sur notre attitude de cœur : sommes-nous heureux de voir que d’autres gagnent en autorité, ou veillons-nous jalousement sur celle que nous avons dans la crainte que d’autres prennent le pas sur nous ? Que faisons-nous pour transmettre cette autorité ?
Cet article a été traduit et publié à l’origine par BLF éditions et TPSG.

