Vie communautaire
Le rôle des différents rassemblements de l’Église
Adapté du chapitre 9 de L’Église intentionnelle, traduit par les éditions Clé.
Les nutritionnistes sont d’accord – chacun des cinq groupes alimentaires est nécessaire pour nourrir le corps de façon particulière et harmonieuse. Si nous voulons être en bonne santé, il nous faut une nourriture équilibrée par ces cinq groupes alimentaires. Nous ne pouvons pas nous limiter au pain et à la glace et penser rester minces et en bonne santé ! Il en est de même pour les différents rassemblements de l’Église locale ; chacun a son rôle à jouer pour cultiver la santé collective du groupe : la sainteté, l’amour et la bonne doctrine.
Ce chapitre ne présente pas le modèle absolu qu’il faut suivre pour les rassemblements hebdomadaires. C’est simplement un exemple de la façon dont vous pouvez agencer la vie collective de votre Église pour entretenir sa santé.
C’est le modèle que nous utilisons dans notre Église à Washington ; nous en tirons bien des profits, par la grâce de Dieu.
La formation du dimanche matin
La formation du dimanche[1] est le moment principal pour équiper les chrétiens. Beaucoup voient ce temps comme une occasion de communion fraternelle basée sur l’âge des participants ou d’enseignement relatif à une période spécifique de la vie des participants. Aussi apprécié que ce modèle puisse être, nous croyons que ce moment peut offrir quelque chose de plus unique et plus utile que simplement la communion fraternelle basée sur l’âge.
La communion basée sur les affinités peut souvent se trouver dans les études bibliques ou groupes de maison pendant la semaine. Ce qui manque dans beaucoup d’Églises locales, c’est un système d’enseignement intégral qui enracine les membres dans les fondements de la foi : la vie chrétienne, les survols du Nouveau et de l’Ancien Testament, la théologie systématique, l’histoire de l’Église, et la croissance spirituelle. L’idée est de fournir aux chrétiens une collection toujours grandissante de ressources qui les aideront à mieux comprendre la Bible et à mieux vivre la vie chrétienne. Quand une personne a suivi tous les cours (ceci peut prendre quatre ou cinq ans, vu la quantité de matériel offert), on l’encourage à assister aux cours avec un plus jeune ami chrétien ou avec ses enfants adolescents. Les cours peuvent alors être utilisés comme un outil pour étoffer les conversations dans les relations de suivi personnel pendant la semaine. Vous pouvez les présenter d’une façon similaire au cours de la faculté, avec de la lecture supplémentaire pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances ou qui s’intéressent éventuellement à enseigner plus tard. Reprendre plusieurs fois les mêmes cours au travers des années peut sembler être de la répétition inutile. Mais, les améliorations constantes, les petits changements dans le programme, la variété des lectures supplémentaires et l’évolution de la relation entre l’élève et l’enseignant dans le suivi personnel évitent toute monotonie.
Le culte du dimanche matin
Le culte du dimanche matin est essentiellement un moment d’alimentation. Ainsi, l’exposition du texte biblique est prioritaire. C’est très à la mode d’employer ce culte comme un moment axé sur l’évangélisation. À cause de cela, de nombreuses Églises adaptent le style de leurs cultes aux préférences musicales et culturelles du public ciblé. Pourtant, selon 1 Corinthiens 14, l’objectif du rassemblement hebdomadaire de l’Église n’est pas l’évangélisation, mais l’édification des croyants.[2] Il nous semble sage alors de ne pas nous adresser seulement aux préférences culturelles des non-croyants, mais de nous conformer aux paramètres bibliques pour l’édification mutuelle des chrétiens.
C’est aussi le rassemblement principal de louanges de la semaine. Puisque la louange est toujours une réponse à la révélation, celle-ci doit être le moment le plus important du culte. L’exposition du texte biblique doit être le plat de résistance, pas seulement du culte, mais du ministère public de la Parole en général. Et puisque toute Écriture est centrée sur Jésus (Lu 24.25-27, 45-47), cet enseignement devrait toujours nous amener à exposer l’Évangile. Cela signifie que le message doit normalement être une exposition évangélique, mettant ainsi les croyants et les non-croyants face au contenu de l’Évangile et à ses implications naturelles. Une telle prédication motive les membres à amener leurs amis non-croyants, car ils savent que l’Évangile sera présenté de manière compréhensible, et que les non-croyants seront invités à se repentir et à croire. Cet exposé de l’Évangile passe bien lorsqu’il est accompagné de lectures bibliques bien choisies, de prières bien formulées, et de chants qui soulignent le thème du passage.
Le culte du dimanche matin est le lieu où ensemble nous lisons, prêchons, prions, chantons et voyons la parole de Dieu chaque semaine.
Le culte du dimanche soir
Le culte du dimanche soir est la principale réunion familiale de l’Église. Il serait tentant d’en faire une « version allégée » du culte du dimanche matin : même organisation, même proportion de louange, de prière et de prédication, mais en plus court et en plus informel. Cependant, nous préférons qu’il soit une occasion de faire grandir notre souci les uns des autres et de développer les relations familiales qui devraient sous-tendre toute communauté chrétienne centrée sur autrui.
Comment y parvenir ? Voici ce que nous faisons (ce n’est pas parfait, mais c’est un début) : nous commençons par des chants centrés sur Dieu et sur la communion fraternelle. Ensuite, nous prions brièvement et donnons les annonces de la vie d’Église. Puis nous introduisons avec autant de fluidité que possible un temps où les membres de l’assemblée partagent courtement leurs sujets de prière. Ces sujets sont généralement soumis au pasteur en amont afin d’éviter toute requête inappropriée. Nous cherchons à être intentionnels en encourageant les membres de l’assemblée à ne pas prier uniquement pour leurs besoins physiques, mais aussi pour leurs besoins spirituels et ceux des autres, pour des occasions d’évangéliser, pour des projets d’implantation d’Églises et pour la mission. Nous les encourageons à s’ouvrir au sujet de leurs besoins spirituels et de leurs opportunités d’évangélisation et de discipulat. Nous les poussons aussi à se soucier de ceux de leurs frères et sœurs et à prier à ce sujet.
Chaque fois qu’un sujet est partagé, un volontaire (ou une personne désignée) prie courtement. Ensuite, un ancien ou quelqu’un qui se forme au ministère pastoral donne une courte méditation (10 à 15 min) d’un texte biblique portant sur le même thème que celui du matin, mais tiré de l’autre Testament. Pour finir, nous chantons un dernier chant et prenons un court temps de silence pour réfléchir à la méditation que nous avons entendue. Le culte du dimanche soir dure en général une heure et demie. Quand de nouvelles personnes rejoignent l’Église, nous leur expliquons que nous nous attendons à ce qu’elles assistent à ce rassemblement.
Nous souhaitons être intentionnels dans notre amour mutuel et dans notre implication les uns pour les autres. Le culte du dimanche soir est l’un des principaux moyens de mettre cela en pratique.
Ainsi, ce culte a pour but de cultiver chez chacun un souci pour la santé et le témoignage de l’Église locale. Les deux premières années qui ont suivi le lancement de ce rassemblement, peu de personnes y ont assisté. Pourtant, il est devenu aujourd’hui l’un des événements de l’Église les plus importants de la semaine. Notre persévérance est récompensée ! Ces dix dernières années, ce moment est devenu particulièrement chaleureux et agréable : on y partage nos occasions d’évangélisation, on y annonce les fiançailles ou les naissances, on prie pour que les ministères portent du fruit et on envoie de jeunes pasteurs. En fait, les nouveaux membres nous racontent souvent qu’ils ont commencé à venir dans notre Église parce qu’ils aimaient les prédications, mais qu’ils en sont devenus membres parce qu’ils y expérimentaient l’amour et la vie de famille le dimanche soir.
L’étude biblique
Le rassemblement de la semaine, en soirée, constitue le moment principal d’étude. Les philosophies de ministère ne sont pas toujours d’accord sur l’utilisation de ce temps, ni même de son utilité tout court. Lorsque nous avons démarré notre rassemblement du mercredi soir, peu de personnes venaient. Mais au fil du temps, les gens ont commencé à sentir les bénéfices de cette étude dans leur vie et grâce au bouche à oreille, l’assistance est devenue plus régulière et encourageante. Nous avons expérimenté beaucoup de bénéfices de ce moment où toute l’Église se rassemble pour une étude inductive de la Bible. Alors, comment procédons-nous ?
Un soir par semaine, nous étudions toujours une épître, puisque les lettres du Nouveau Testament se prêtent bien à la méthode inductive d’étude (observation, interprétation et application). Nous avançons doucement – un verset ou deux par semaine, passant souvent quelques années dans la même épître. Rester si longtemps sur le même livre peut sembler ennuyeux, mais cela donne aux participants l’opportunité de regarder de près des doctrines importantes et de chercher ensemble comment ces doctrines s’appliquent à chacun et à l’Église. Cela donne à l’assemblée l’occasion de s’évaluer et de décider si elle obéit ou non à cette portion des Écritures, en tant qu’Église locale.
Normalement, je commence par la lecture d’une partie d’un livre chrétien. Après quelques annonces brèves, je prie et lis le passage que nous étudions ce soir-là. Notre petit passage est écrit sur un tableau et je commence en posant des questions sur le texte : d’abord, sur le contenu du texte (observation), puis sur le sens du texte (interprétation) et finalement, sur ce que ce texte implique pour nous (application).
Vous pouvez utiliser les questions suivantes pour la phase d’observation : Qu’est-ce que Paul nous conseille de faire dans ce passage ? Comment devrait-on procéder ? Que va-t-il se passer ? Quand cela arrivera-t-il ? De qui Paul parle-t-il ici ? Pourquoi dit-il ceci, selon le contexte ? Parfois, les réponses à ces questions sont vraiment évidentes, mais le fait de les poser quand même donne un modèle d’étude sérieuse de la Bible à l’assemblée et nous aide à mettre le texte en pratique correctement. Des questions d’interprétation pourraient être : Que veut dire « prier sans cesse » ? Qu’est-ce que cela ne veut pas dire ? Ce verset pourrait-il avoir un double sens qui serait logique dans son contexte ? Nous pouvons alors poser des questions d’applications telles que : Faites-vous cela ? Comment le faites-vous ? Quand vous ne mettez pas ce passage en pratique, qu’est-ce qui vous en empêche ? Faisons-nous cela fidèlement en tant que congrégation ? Comment pourrait-on mieux le faire ? Devrions-nous arrêter d’appliquer ce passage, ne l’ayant pas ou mal compris ?
Quand j’ai commencé à utiliser cette méthode, j’ai dû patienter trente (ou parfois soixante !) secondes avant que quelqu’un lève la main pour donner une réponse. Maintenant que l’Église s’est habituée à l’idée, ces silences sont plus courts et beaucoup plus rares. Je dis cela pour vous encourager. Ne permettez pas que la crainte du silence vous empêche de faire un pas de foi et de conduire une étude biblique avec un groupe. Le silence ne durera pas éternellement ! Quelqu’un osera enfin parler. Sinon, reformulez calmement votre question ou posez-la discrètement à un membre plus mûr et qui est plus à l’aise pour s’exprimer. Lorsque les gens prennent l’habitude de réfléchir ensemble de cette façon, ils seront de plus en plus à l’aise pour partager leurs pensées, la conversation deviendra plus vivante et productive. Il vous faudra être patient avec les gens pendant leur adaptation.
En tout cas, assurez-vous d’avoir bien étudié le passage pour pouvoir répondre aux questions éventuelles. Vous aurez sûrement à dire : « Je ne sais pas », de temps en temps, je sais que ça m’arrive. Mais, ce n’est pas grave. Personne ne s’attend à ce que vous soyez omniscient (et si oui, il y a un problème). De toute façon, ça vous exerce à l’humilité de dire de temps en temps « Je ne sais pas » en public.
- NDT : Ce moment a une appellation différente en fonction des églises – Sunday school, adult education hour, core seminars, etc.
- Voir surtout les versets 3, 4, 5, 6, 12, 17, et 26. Il faut nous souvenir que notre louange s’adresse à Dieu, pas aux hommes.
Cet article a été traduit et publié à l’origine par BLF éditions et TPSG.

