Vie communautaire
Ne soyez pas comme Candace avec vos dons spirituels
J’espère que vous n’avez pas eu à faire face à une Candace Whitcomb dans votre église, mais je suppose que vous en avez connu une ou deux. Son histoire est drôle, pathétique et n’est que trop familière.
Candace Whitcomb est un personnage de la nouvelle « The Village Singer » de Mary Wilkins Freeman, écrite en 1889. Elle commence par le licenciement de Miss Whitcomb après quarante ans de carrière en tant que soprano principale de l’église. Sa voix avait commencé à se faire vieille et ces notes aiguës n’étaient plus aussi fortes qu’avant. Les responsables de l’église lui ont donc demandé de partir.
Comme vous vous en doutez, Mlle Whitcomb n’était pas très contente.
Le dimanche suivant, un chaud matin de mai où toutes les fenêtres du bâtiment étaient ouvertes, elle a eu sa revanche. Sa maison se trouvait à côté de l’église, et juste au moment où sa remplaçante, la jeune et délicate Alma Way, commençait son solo, la vieille Miss Whitcomb, assise chez elle, se mit à marteler sur son orgue de salon tout en croassant bruyamment un autre hymne sur un autre air. La pauvre Alma continua à chanter, mais les accents stridents de Candace étaient tout ce que l’on pouvait entendre.
LAISSEZ-MOI FAIRE CE QUE JE SAIS FAIRE !
Comme Candace, nous pensons souvent que nous savons ce pour quoi nous sommes bons, et c’est ainsi que nous voulons servir l’église :
- « Je joue bien de la guitare, vous devriez m’utiliser dans le groupe. »
- « Je suis un bon professeur, pourquoi ne m’avez-vous pas demandé d’enseigner ? »
- « Écoutez, je suis doué avec les chiffres. Mettez-moi, pas elle, en charge du budget. »
En attendant, nous évitons d’autres domaines de service en feignant l’incompétence.
- « Oh, bien sûr, j’aimerais bien aider à la crèche, mais je ne suis pas doué avec les enfants. »
- « Je leur apporterais bien un repas, mais je suis sûr que ma cuisine les rendrait encore plus malades ! »
De telles attitudes deviennent particulièrement néfastes lorsqu’elles se traduisent par des revendications fondées sur ce qui est perçu comme un droit : « Je joue bien de la guitare, et je mérite de jouer dans le groupe ! » (Non, nous ne disons pas cela, mais nous le pensons).
Le pire, c’est que nous employons le Saint-Esprit pour nous soutenir : « Vous savez, le Saint-Esprit m’a donné le don de jouer de la guitare. Voulez-vous vraiment vous opposer à lui ?! »
TESTER LES DONS SPIRITUELS ?
De nombreuses églises ont eu recours à des tests de dons spirituels pour aider leurs membres à discerner leurs dons. Ces tests ne sont pas nécessairement erronés, mais ils ressemblent un peu aux réponses figurant au dos du livre de maths. Ils peuvent vous donner la bonne réponse, mais les utiliser pour éviter de trouver la solution passe à côté du but de l’exercice.
De plus, ces tests peuvent fonctionner comme des prophéties qui se réalisent d’elles-mêmes. Nous répondons aux questions en fonction de la façon dont nous aimons nous considérer, et non en fonction de ce que nous sommes vraiment.
Mais Dieu a donné à tous les chrétiens des dons spirituels afin que nous puissions apprendre à nous soumettre nous-mêmes et nos ressources pour le bien de l’église : « Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour le bien de tous » (1 Co 12.7 ; voir aussi, 14.12,46). L’Esprit Saint n’a pas donné aux chrétiens des dons dans le but de se réaliser, de s’épanouir ou de s’exprimer.
Si mes yeux sont plutôt tournés vers le bien du corps de Christ, je serai ravi d’utiliser mes dons s’ils sont nécessaires, mais je devrais aussi être heureux de servir dans des domaines où je ne suis pas aussi doué, si c’est ce dont le corps a besoin.
De plus, c’est par les processus naturels d’amour et de service du corps de l’église (partout où le corps en a besoin) que les dons d’une personne feront progressivement surface. Mais cela signifie, ironiquement, que la première tâche consiste à cultiver un cœur droit, et non à trouver le meilleur endroit pour employer nos mains. Après tout, la première tâche est beaucoup plus difficile que la seconde.
COMMENT CULTIVER UN CŒUR DROIT
Comment cultiver des cœurs droits ? Tout d’abord, j’encourage les églises à éviter les raccourcis, comme les tests de dons spirituels. Oui, ils peuvent aider telle ou telle personne, mais ils amènent souvent les gens à se concentrer sur les mauvaises choses. En outre, ils peuvent tout simplement renforcer l’image que les gens ont d’eux-mêmes et les empêcher d’apprendre de nouvelles choses sur eux-mêmes, le genre de choses que nous ne pouvons apprendre qu’à travers le monde rude et agité des relations humaines. Ce qui nous amène à…
Deuxièmement, nous voulons développer des relations dans lesquelles nous nous donnons la permission de nous remettre en question et de nous encourager mutuellement. Remarquez, cela signifie changer une culture, et il n’y a pas de raccourcis pour cela. Cela peut prendre des années. Mais vous attendiez-vous à ce que la croissance chrétienne fonctionne autrement ? Une autre façon d’aborder ce deuxième point est de dire…
Troisièmement, nous voulons développer une culture ecclésiale de discipulat et de service. Le discipulat et le service fonctionnent ensemble. Faire des disciples se produit lorsque des chrétiens plus âgés servent avec des plus jeunes.
- Si vous êtes le pasteur, invitez un jeune homme à revoir avec vous le plan de la prédication du dimanche pendant le déjeuner.
- Si vous êtes le diacre en charge du système sonore, demandez à quelqu’un de vous aider à faire fonctionner le système sonore deux dimanches de suite.
- Si vous êtes une femme au foyer, demandez à une femme célibataire de vous aider à préparer un repas pour la famille avec un nouveau-né.
Lorsque ce genre d’invitations caractérise une église, les dons des gens se manifestent. Mais surtout, les gens apprendront à aimer l’église.
Quatrièmement, nous devrions nous encourager mutuellement à intervenir et à servir là où le corps en a besoin. « Vous n’êtes pas doué avec les enfants ? C’est pas grave. Je suis horrible. On peut se passer le bambin qui crie entre nous deux. »
COMMENT LES AIDER À DÉCOUVRIR LEURS DONS
À bien des égards, apprendre aux gens à découvrir leurs dons spirituels revient à apprendre à vos enfants à découvrir leurs talents. Ma fille de cinq ans sera-t-elle douée pour le ballet ? Au piano ? En écriture ? En hospitalité ? En ce moment, je sais qu’elle est douée pour les câlins et les fou-rires, et c’est à peu près tout. Mais voici ce que je veux pour elle : qu’elle grandisse, s’épanouisse et serve les autres de toutes les manières que Dieu entend pour elle. Pour cela, j’ai quatre tâches à accomplir :
- Je veux cultiver son caractère, de sorte que, qu’elle travaille dans un domaine où elle est douée ou non, elle travaille par amour, et non pas comme si elle y avait droit.
- Je veux lui donner des opportunités qui lui permettent de tester ses dons. Je l’encouragerai à essayer un an de ballet ou deux ans de piano. Je l’aiderai surtout à essayer les choses pour lesquelles elle montre un intérêt ou une inclination naturelle, ce qui signifie qu’elle est prête à dépenser un peu plus d’argent dans ces domaines.
- Je veux tenir compte de son développement et de sa maturité lorsque je l’encourage dans une direction ou une autre. Il ne fait aucun doute que la maturité est un facteur qui détermine quelles sont les possibilités dans le domaine du possible. Mais la capacité d’évaluer sa maturité et ses capacités dépend du fait de la connaître.
- Je dois trouver un équilibre entre la manière dont je dépense mes ressources pour elle avec la manière dont je les dépense dans d’autres domaines de la vie familiale. Certaines opportunités peuvent être bonnes en apparence, mais pour le bien d’un autre enfant ou à cause de ressources limitées, je dois dire non. Et chaque fois que je dis « non », je peux être sûr qu’il y a une bonne leçon à tirer pour elle (pour revenir au premier point).
Les responsables de l’Église, je pense, devraient considérer leurs congrégations comme une famille et aider les membres à découvrir et à utiliser leurs dons de ces quatre façons.
Cet article a été traduit par Timothée Davi.
Cet article a été traduit et publié à l’origine par Revenir à l’Évangile, un ministère situé au Québec. Rendez-vous sur leur site Web pour trouver des ressources similaires.