Prédication & théologie

3 raisons d’inclure un résumé de l’Évangile dans toutes vos prédications

Par Timothy Raymond

Timothy Raymond est rédacteur en chef du magazine Credo et est le pasteur de « Trinity Baptist Church » à Muncie, dans l'Indiana, depuis avril 2006.
Article
09.25.2020

Chez les évangéliques conservateurs, on débat depuis longtemps (en toute amitié) pour savoir si chaque prédication devrait annoncer brièvement l’Évangile. Je ne parle pas ici du fait d’interpréter chaque passage de l’Écriture en le reliant à la personne et à l’œuvre de Jésus-Christ (approche herméneutique enseignée par Graeme Goldsworthy[1] ou Edmund Clowney[2]).

Je parle plutôt d’insérer dans votre message (si possible avec naturel, sans sortir du sujet) une courte explication des grandes vérités bibliques sur la personne et sur l’œuvre de Jésus (en 2 à 6 min environ) ainsi qu’un appel à se repentir et à croire en lui. Cela n’est certes pas pratiqué par tous les prédicateurs évangéliques. Le défenseur et le praticien le plus connu de cette approche est sans doute Mark Dever, pasteur de l’Église Capitol Hill Baptist à Washington. Si vous comprenez l’anglais, je vous propose d’écouter cette prédication donnée par Dever à Southern Seminary Chapel (l’annonce de l’Évangile commence à 14:04).

J’ai été convaincu par la sagesse de cette approche il y a environ quinze ans. L’ayant appliquée régulièrement depuis plus d’une décennie, je peux aujourd’hui constater ses nombreux bienfaits. Voici trois raisons pour lesquelles vous devriez, vous aussi, inclure le message de l’Évangile dans la quasi-totalité de vos prédications.

1.     Vous évangélisez les non-chrétiens de votre assemblée

Ce que j’ai rapidement découvert en devenant pasteur et qui m’a beaucoup surpris, c’est le grand nombre de non-chrétiens qui assistent régulièrement au culte dans les Églises évangéliques. Je ne parle pas des « hypocrites », ceux qui prétendent être chrétiens mais ne manifestent aucun signe qui prouve qu’ils sont nés de nouveau. Il y en a beaucoup dans nos Églises. Non, je parle avant tout de ceux qui ne prétendent rien du tout, mais qui viennent à l’Église parce que leur conjoint insiste pour qu’ils les accompagnent, parce que leurs parents les y obligent, ou tout simplement parce qu’ils n’ont rien de mieux à faire le dimanche matin.

Ce genre de personnes représente un pourcentage étonnant au sein de nos assemblées. Ce dont ces personnes ont le plus besoin n’est-il pas d’être confrontées aux déclarations de Jésus et appelées à se repentir et à croire en lui ? J’ai récemment baptisé un jeune homme qui a commencé à fréquenter notre Église parce qu’une jeune femme de notre assemblée lui plaisait. Chaque semaine, il a entendu une courte annonce de la bonne nouvelle. Et au bout de six mois environ, l’Évangile a percé la carapace de son cœur et il est né de nouveau. Voilà l’effet que l’annonce systématique de l’Évangile peut avoir.

2.     Vous apprenez aux chrétiens à expliquer l’Évangile aux non-chrétiens

J’ai découvert cela de façon un peu accidentelle quelques années après avoir commencé à mettre en pratique cette approche. J’ai entendu des membres de mon assemblée discuter et expliquer le message de l’Évangile, et je me suis rendu compte qu’ils utilisaient presque le même vocabulaire, les mêmes formulations et la même logique que moi dans mes prédications. J’ai fini par comprendre qu’ils n’étaient pas en train d’essayer de m’impressionner ou de m’imiter ; ils ne faisaient qu’annoncer l’Évangile comme je leur avais appris à le faire.

Je parie que si vous choisissiez au hasard l’un des membres réguliers de mon Église et lui demandiez de résumer l’Évangile, ce qu’il dirait serait très similaire à ce que j’annonce depuis des années du haut de la chaire. On pourrait penser que cette approche risque de mener à un discours répétitif et automatique, mais dans mon expérience, cela a plus fréquemment permis aux membres de mon assemblée d’expliquer l’Évangile de façon plus claire et plus exacte, ce que beaucoup de chrétiens ont du mal à faire. Depuis que j’inclue un résumé de l’Évangile dans presque toutes mes prédications, ceux-ci sont équipés pour communiquer l’Évangile à leurs enfants, à leurs amis et à leurs collègues.

3.     Vous insistez sur ce qui a le plus d’importance

Don Carson a dit : « S’il y a une chose que j’ai apprise en 35 ou 40 ans d’enseignement, c’est que les étudiants ne retiennent pas tout ce que je leur enseigne. Ils retiennent ce qui me fait vibrer, les choses que je répète encore et encore et encore. »

Si Carson dit vrai (et mon expérience le confirme), alors, je dois être très vigilant et intentionnel au sujet de ce sur quoi je choisis d’insister dans mes prédications ou dans mes cours.

Si, consciemment ou non, j’insiste sur une position politique, mon Église développera une vision de la vie chrétienne centrée sur la politique. Cela se produira de même si j’insiste sur l’œcuménisme, l’écologie, le mysticisme ou l’humanitaire. L’Église ne retiendra pas tout ce que je dis, mais elle retiendra ce dont je parle souvent.

Soyons donc des prédicateurs pleins de précautions et intentionnels, qui mettent l’emphase sur ce qui est « de première importance […] le Christ est mort pour nos péchés » (1 Corinthiens 15.3 – BDS). Engageons-nous à ne pas « savoir autre chose parmi [n]ous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (2.2). Et ne nous glorifions de rien dans nos messages en-dehors de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ (Galates 6.14).

Les nombreuses Églises de notre ville sont chacune connues pour quelque chose. Il y a l’Église séparatiste, l’Église politique, l’Église du divertissement ou encore l’Église « cool ». Par la grâce de Dieu, nous sommes l’Église qui proclame l’Évangile. Et c’est en grande partie du au fait que je m’applique à annoncer l’Évangile de façon concise dans tous les messages que je prêche.

Attention, ne vous méprenez-pas. Je ne suis pas en train de dire qu’il existe un commandement divin non écrit qui ordonne aux pasteurs d’annoncer l’Évangile dans tous leurs messages. La plupart des prédications qui ont eu un fort impact sur ma vie ne répondaient pas à ce critère. D’un autre côté, le risque d’entrer dans une routine (pour le prédicateur comme pour son auditoire) existe bien, et il n’est pas négligeable. Je continuerai toutefois d’argumenter en faveur de la sagesse, de la puissance, de la beauté et des fruits d’une telle approche.

Si vous n’êtes toujours pas convaincu, essayez au moins de résumer brièvement l’Évangile une fois par mois. Je parie qu’avec le temps, vous en verrez les fruits. D’ici là, vous aurez peut-être décidé d’annoncer l’Évangile dans toutes vos prédications… et je suis sûr que vous ne reviendrez pas en arrière.


  1. Voir Christ au cœur de la prédication, Excelsis, 2005.
  2. Voir Preaching Christ in All of Scripture, Crossway, 2006.

Cet article a été traduit et publié à l’origine par BLF éditions et TPSG.

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