Vie communautaire

Six principes pour le ministère des jeunes

Par Jonathan Leeman

Jonathan Leeman est le directeur de la rédaction de 9Marks, et un ancien de Cheverly Baptist Church à Cheverly, dans le Maryland.
Article
09.25.2020

« Que fait votre église pour les élèves qui sont au collège et au lycée ? » Un ami pasteur m’a récemment posé cette question.

Je n’ai pas d’expertise particulière avec les jeunes, et j’ai tendance à penser qu’il doit y avoir une certaine souplesse dans les programmes. Organisez-vous un événement hebdomadaire ? À qui s’adresse-t-il ? Que faites-vous ? Des projets spéciaux ou des voyages ? Je vous laisse le soin d’y penser.

Mais voici quelques principes bibliques dont nous devrions tenir compte quoi qu’il arrive, et j’ai l’impression que de nombreux groupes de jeunes n’en tiennent pas compte.

1) Quoi que vous fassiez, maintenez une ligne claire entre l’église et le monde.

Jésus, Paul, Pierre et le reste sont catégoriques sur le fait que nous devons établir des frontières claires entre l’église et le monde, qu’une personne ait 14 ou 84 ans (par exemple Matthieu 18.15-20 ; 2 Co 6.14-7.1 ; 1 Pierre 2.9-12). Très peu moderne ! Mais de même que Dieu était profondément préoccupé par ceux qui étaient identifiés par son nom dans l’Ancien Testament, de même Jésus est préoccupé par ceux qui sont publiquement identifiés par son nom dans le Nouveau (par exemple Ez 36.20-27, 36 ; Mt 18.20 ; 28.19 ; voir aussi 1 Co 5.4).

La tentation du ministère des jeunes est de négliger cette frontière. Vous savez, vous avez un mélange d’enfants de l’église et d’enfants qui ne sont pas de l’église. Certains prétendent être chrétiens, d’autres non. Mais qui peut dire, vraiment, n’est-ce pas ?

Eh bien, c’est justement là le problème, et c’est pourquoi certaines églises préfèrent ne pas baptiser les adolescents, une ligne de conduite que vous pourriez envisager. Que vous soyez d’accord ou non avec cette position, assurez-vous que vos paroles, vos programmes et vos méthodes aident les jeunes à comprendre qu’« il y a l’Église et il y a le monde. Point final ». Vous aimez le mieux possible vos adolescents en les aidant à comprendre que la décision la plus importante qu’ils auront à prendre est celle de savoir de quel côté de la ligne de démarcation ils se trouvent. Avec qui vous tenez-vous ?

En tant que tel, ne traitez pas le ministère des jeunes comme une aile séparée de l’église où les règles normales, les attentes, et les identités des membres de l’église ne s’appliquent pas. Au lieu de cela…

2) Si vous baptisez des adolescents, traitez-les comme des adultes.

Encore une fois, je ne vous recommande pas de baptiser les adolescents. Je ne suis pas sûr que vous devriez le faire. Mais si vous le faites – et je sais que plusieurs d’entre vous le font – vous devez les traiter comme des chrétiens adultes. Ils ont été baptisés au nom de famille (Mt 28.19). Ils sont donc responsables, avec toute l’église, du nom de famille (Mt 18.20 ; 1 Co 5.4-5). Ils font partie du corps et doivent donc être amenés à prendre soin du corps (1 Co 12.21-26 ; voir aussi 2 Co 2.6).

Ils doivent avoir le droit de vote dans les assemblées des membres. Ils devraient être soumis à la discipline d’église s’ils se retrouvent empêtrés dans le monde de la fête à l’école secondaire et commencent à vivre dans le péché impénitent. Ils devraient être tenus d’assister à la réunion principale de l’église, et on devrait leur demander de prier pour l’église. On devrait leur demander de réconcilier toute relation brisée avant de prendre le repas du Seigneur. Ils doivent être supervisés par un ancien. Et ainsi de suite.

Après tout, insister sur la pleine responsabilité adulte des membres revient à insister sur les responsabilités fondamentales d’être chrétien. Jésus entend que toutes ses brebis prennent soin de leur nom de famille, veillent les unes sur les autres, s’édifient dans l’amour et soient des artisans de paix. Vous ne voulez pas enseigner aux jeunes le contraire en mettant en pratique autre chose.

Baptiser un adolescent en tant que membre de l’église signifie donner à l’église une sorte d’autorité sur la profession de foi du jeune que les parents ne possèdent pas. Les dirigeants de l’église, sans doute, devraient toujours impliquer les parents dans le ministère à son égard. Mais en dernière analyse, les parents doivent s’en remettre à l’église lorsqu’il s’agit d’inclure ou d’exclure leur enfant baptisé de l’église. L’église possède l’autorité des clefs, pas les parents (Mt 16.18-19).

Tout ceci devrait-il vous faire baptiser les jeunes moins vite ? Oui !

3) Baptisés ou non, intégrez-les dans la vie chronologiquement riche de l’église.

Les entreprises et les médias de l’Ouest dépensent chaque année des milliards de dollars en marketing auprès des jeunes afin de les éduquer à devenir des consommateurs : « Hé, les enfants, vous pouvez obtenir ce que vous voulez tout de suite aux conditions que vous voulez. » Ainsi, les jeunes d’aujourd’hui ne se présentent pas à l’église en s’attendant à vivre dans un monde adulte, comme ils l’auraient fait il y a 100 ans. Ils s’attendent à fréquenter un groupe de personnes qui sont comme eux, leurs pairs.

Je vous encourage à faire preuve de beaucoup de prudence en jouant sur ces instincts dans vos programmes pour les jeunes, car le consumérisme va à l’encontre de la maturité de l’altruisme. Mais quoi que vous fassiez, réalisez que la meilleure façon de faire de véritables disciples est d’attirer les jeunes dans la vie chronologiquement riche de l’église. Encore une fois, ils ont besoin de voir le corps entier à l’oeuvre pour savoir ce que le christianisme représente vraiment. Ils ont besoin de voir le plus vieux discipliner le plus jeune, et le plus jeune apprendre du plus vieux (par exemple 1 Tm 5.1 ; Tt 2.2-6 ; 1 P 5.5).

La voie du christianisme est la voie de l’unité entre les vieux et les jeunes saints dans le corps de l’église, et si vous voulez que nos jeunes prennent cette voie, montrez-leur le chemin.

4) Équiper les parents à exercer un ministère auprès de leurs jeunes.

La Bible commande aux parents, et non aux pasteurs chargés de la jeunesse, d’éduquer l’enfant d’après la voie qu’il doit suivre (ex. Éph 4.11 ; 6.4). Je ne dis pas que nous devrions nous débarrasser des pasteurs des jeunes. Je dis, pasteurs des jeunes, que vous devez vous assurer que votre travail et vos programmes ne donnent pas aux parents chrétiens une excuse pour désobéir à la Bible, mais facilitent plutôt le travail des parents en obéissant à la Bible.

5) Profitez de l’occasion d’évangélisation de cette saison.

En tant qu’ancien de l’église, je lis chaque demande d’adhésion et donc chaque témoignage de personnes qui se joignent à notre église. (Que c’est une joie pour mon âme !) Ce qui est frappant, c’est le nombre de personnes qui sont venues à la foi au collège ou au lycée, qu’elles proviennent de familles chrétiennes ou non. C’est une saison opportune pour partager l’évangile avec les gens.

À quoi cela ressemble-t-il au niveau de l’organisation d’un programme prenant cela en compte ? Je ne sais pas. Mais faites quelque chose !

6) Quoi que vous fassiez dans vos programmes par rapport aux points 1 à 5, ne laissez pas vos plans, conçus par l’homme, interférer avec ces objectifs bibliques. Facilitez-les.

Assurez-vous que les structures ou les groupes que vous avez en place ne vont pas à l’encontre de l’engagement de vos jeunes dans la vie de la congrégation, ou ne brouillent pas la frontière entre l’église et le monde. Vous voulez qu’ils soient formés par des membres plus âgés, et pas seulement par leurs pairs.

Je ne sais pas comment tout cela fonctionne du point de vue de l’organisation d’un programme qui prenne tout cela en compte (l’ai-je déjà dit ?), mais je pense qu’il est sans doute nécessaire d’y réfléchir avec d’autres à l’aide d’un tableau blanc. Pourquoi pensez-vous que tant de parents regardent leurs jeunes « chrétiens » partir à l’université et ensuite abandonner la foi ? Je pense que, dans de nombreuses circonstances, il y a eu deux échecs : un échec du discipulat, et un échec de l’exercice de la sagesse dans les questions structurelles du baptême, de l’adhésion à l’église et de la discipline.

Alors, comment faites-vous pour à la fois tracer soigneusement la frontière entre l’église et le monde avec vos jeunes de l’église et à la fois les aider à être actifs dans l’évangélisation ? Je suis à l’écoute de vos idées !

 


Cet article a été traduit par Timothée Davi.

Cet article a été traduit et publié à l’origine par Revenir à l’Évangile, un ministère situé au Québec. Rendez-vous sur leur site Web pour trouver des ressources similaires.

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