Évangélisation & Évangile

Pourquoi l’enfer fait partie intégrante de l’Évangile

Par Greg Gilbert

Greg Gilbert est le pasteur principal de la « Third Avenue Baptist Church » à Louisville, Kentucky.
Article
09.25.2020

Je suis sûr que vous avez été ravi d’apprendre que 9Marks a consacré un journal entier au sujet de l’enfer. En fait, c’est un sujet qui nous donne envie de regarder ailleurs et de penser à autre chose.

Pour certains, l’horreur de la doctrine chrétienne de l’enfer – que c’est un lieu de tourment éternel et conscient où les ennemis de Dieu sont punis – les a amenés non seulement à regarder ailleurs et à ne pas y penser, mais aussi à entièrement nier son existence. « À coup sûr », disent-ils, « l’enfer est une fable utilisée pour opprimer les gens par la peur ; un Dieu d’amour ne permettrait jamais qu’un tel endroit existe vraiment ». Il y a un pouvoir émotionnel à cet argument, sans aucun doute. Personne, et certainement pas les chrétiens, n’aime l’idée de l’enfer.

En même temps, cette doctrine n’est pas seulement une décoration à côté de la vision chrétienne du monde, quelque chose sans rapport avec la structure de la foi elle-même. La doctrine de l’enfer n’est pas non plus une verrue embarrassante, inutile et primitive que nous croyons simplement parce qu’on nous dit que nous le devons.

Au contraire, la doctrine et la réalité de l’enfer nous permettent en fait d’apprécier la gloire de l’Évangile dans toute sa splendeur. Elle nous aide à comprendre à quel point Dieu est vraiment grand, à quel point nous sommes vraiment misérables et à quel point il est étonnant qu’il nous fasse grâce. De plus, la réalité de l’enfer – si nous ne la chassons pas de notre esprit – nous concentrera, avant tout, sur la tâche de proclamer l’évangile à ceux qui sont en danger d’y passer l’éternité.

Ayant cela à l’esprit, voici cinq affirmations bibliques sur l’enfer qui, prises dans leur ensemble, démontrent pourquoi l’enfer fait partie intégrante de l’évangile.

POURQUOI L’ENFER FAIT PARTIE INTÉGRANTE DE L’ÉVANGILE

  1. L’Écriture enseigne qu’il existe un véritable lieu appelé enfer.

Je ne vais pas insister sur ce point. D’autres ont défendu cela avec une clarté cristalline. Il suffit de dire que les évêques médiévaux n’ont pas inventé la doctrine de l’enfer pour effrayer les serfs ; ils l’ont obtenue des apôtres. Et les apôtres ne l’ont pas inventée pour effrayer les païens ; ils l’ont obtenue de Jésus. Et Jésus ne l’a pas empruntée aux zoroastriens pour effrayer les pharisiens ; il était Dieu, donc il savait que c’était vrai, et il l’a dit. Et d’ailleurs, la réalité de l’enfer avait déjà été révélée dans l’Ancien Testament.

Au niveau le plus élémentaire, donc, si nous prétendons être chrétiens et croire que la Bible est la parole de Dieu, nous devons reconnaître que la Bible enseigne la réalité de l’enfer. Mais ce n’est pas tout.

  1. L’enfer nous montre à quel point notre péché est odieux

Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire qu’aucun péché humain ne pourrait vraiment mériter un châtiment éternel en enfer ? C’est un argument intéressant, qui révèle beaucoup de choses sur le cœur humain. Comment se fait-il que lorsque les gens pensent à l’enfer, ils concluent toujours que c’est Dieu qui doit être en faute et non eux-mêmes ? Vous pouvez voir comment la doctrine révèle nos cœurs : quand nous considérons notre propre péché, notre première inclination est toujours de le minimiser, de protester que ce n’est pas si grave et que Dieu a tort de dire qu’il mérite un châtiment.

La réalité de l’enfer se présente comme une réfutation massive de cette autojustification. Les non-chrétiens verront toujours les horreurs de l’enfer comme quelque chose qui condamne Dieu et son caractère, mais en tant que chrétiens qui savons que Dieu est parfaitement juste et droit, nous devons comprendre que les horreurs de l’enfer sont en fait une réalité qui nous condamne nous et notre caractère. Nous pouvons vouloir minimiser notre péché, ou l’excuser, ou essayer de rabattre nos consciences. Mais le fait que Dieu a déclaré que nous méritons le châtiment éternel pour ces péchés devrait nous rappeler qu’ils ne sont pas petits du tout. Ils sont énormément mauvais.

  1. L’enfer nous montre à quel point Dieu est vraiment juste, de façon inébranlable et irréprochable.

Les gens ont été tentés tout au long de l’histoire de penser à Dieu comme à un juge corrompu, qui met de côté les exigences de la justice simplement parce qu’il aime l’accusé. « Nous sommes tous les enfants de Dieu », dit l’argument. « Comment Dieu pourrait-il condamner certains de ses enfants à une peine aussi horrible ? » La réponse à cette question est simple : Dieu n’est pas un juge corrompu. Il est un juge absolument juste et droit.

La Bible ne cesse de le répéter. Quand Dieu se révèle à Moïse, il se déclare compatissant et aimant, mais il dit aussi : « Mais il ne traite pas le coupable en innocent. » Les Psaumes déclarent : « La justice et le droit forment la base de ton trône. » Quelle déclaration incroyable ! Pour que Dieu demeure qui il est, il ne peut pas simplement mettre la justice de côté et balayer le péché sous le tapis. Il doit s’en occuper, de façon décisive et avec une justice rigoureuse. Quand Dieu jugera finalement, pas un seul péché ne recevra plus de punition qu’il ne le mérite. Et pas un ne recevra moins que ce qu’il mérite, non plus.

La Bible nous dit qu’en ce jour, lorsque Dieu condamnera ses ennemis à l’enfer, l’univers entier reconnaîtra et admettra que ce qu’il a décidé est irréprochablement juste et droit. Ésaïe 5 fait ressortir ce point avec une clarté éclatante : « C’est pourquoi le séjour des morts ouvre sa bouche, élargit sa gueule outre mesure. » C’est une image frappante, la tombe élargissant sa bouche pour avaler les habitants de Jérusalem. Et pourtant, par ce moyen, Ésaïe déclare : « L’Éternel, le maître de l’univers, sera élevé par le jugement, le Dieu saint sera reconnu comme tel par la justice. » De même, Romains 9.22 nous dit que par les tourments de l’enfer, Dieu va « montrer sa colère et faire connaître sa puissance », afin qu’il puisse faire « connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde ».

Nous ne le comprenons peut-être pas complètement maintenant, mais un jour l’enfer lui-même déclarera la gloire de Dieu. Il témoignera, même dans l’horreur, avec le psalmiste : « La justice et le droit forment la base de ton trône. »

  1. L’enfer nous montre combien la croix était vraiment horrible, et combien la grâce de Dieu est vraiment grande.

Romains 3 nous dit que Dieu a mis en avant Jésus comme une victime expiatoire « pour démontrer sa justice ». Il a fait cela parce qu’il « avait laissé impunis les péchés commis auparavant, à l’époque de sa patience ».

Pourquoi Jésus a-t-il dû mourir sur la croix ? C’était parce que c’était la seule façon par laquelle Dieu pouvait, tout en restant juste, ne pas envoyer chacun de nous en enfer. Jésus devait prendre ce qui nous était dû, et cela signifie qu’il devait endurer l’équivalent de l’enfer alors qu’il était attaché à la croix. Cela ne veut pas dire que Jésus est réellement allé en enfer. Mais cela veut dire que les clous et les épines n’étaient que le début de la souffrance de Jésus. Le véritable sommet de sa souffrance est venu quand Dieu a versé sa colère sur Jésus. Quand les ténèbres sont tombées, ce n’était pas juste Dieu couvrant la souffrance de son Fils, comme certains l’ont dit. C’était les ténèbres de la malédiction, de la colère de Dieu. C’était les ténèbres de l’enfer, et à ce moment, Jésus endurait sa pleine fureur, la fureur de la colère de Dieu le Tout-Puissant.

Quand vous comprenez la croix sous cet angle, vous commencez à mieux comprendre à quel point la grâce de Dieu est magnifique pour vous, si vous êtes chrétien. La mission de rédemption que Jésus a entreprise impliquait un engagement à endurer la colère de Dieu à votre place, à prendre l’enfer que vous méritez. Quelle incroyable démonstration d’amour et de miséricorde ! Pourtant, vous ne verrez et comprendrez clairement cette démonstration d’amour que lorsque vous comprendrez, accepterez et frissonnerez devant l’horreur de l’enfer.

  1. L’enfer concentre nos esprits sur la tâche de proclamer l’évangile.

Si l’enfer existe vraiment, et si les gens risquent vraiment d’y passer l’éternité, alors il n’y a pas de tâche plus urgente et plus importante que de faire précisément ce que Jésus a dit à ses apôtres de faire avant de monter au ciel : proclamer au monde la bonne nouvelle que le pardon des péchés est offert par Jésus-Christ !

Je pense que John Piper a bien compris cela dans une interview avec « The Gospel Coalition » : « Il est très difficile de renoncer à l’évangile si vous croyez que l’enfer existe, qu’après cette vie, il y a une souffrance sans fin pour ceux qui n’ont pas cru en l’évangile. » Il y a toutes sortes de bonnes choses que les chrétiens peuvent faire, et en fait devraient faire ! Mais si l’enfer est réel, cela vaut la peine de ne pas oublier – non, il est impératif de ne pas oublier – que la seule chose que les chrétiens peuvent faire et que personne d’autre au monde ne fera jamais, c’est de dire aux gens comment ils peuvent être pardonnés de leur péché, comment ils peuvent éviter de passer une éternité en enfer.

CONCLUSION

Il ne fait aucun doute que la doctrine de l’enfer est horrible. La doctrine est horrible parce que la réalité est horrible. Mais ce n’est pas une raison pour regarder ailleurs et l’ignorer, et encore moins pour la rejeter.

Il y a ceux qui pensent que, en rejetant ou au moins en ignorant la doctrine dans leur prédication, ils rendent Dieu plus glorieux et plus aimant. Loin de là ! Ce qu’ils font vraiment, c’est de voler involontairement la gloire du Sauveur Jésus-Christ, comme si ce dont il nous a sauvés était… enfin, pas si mal après tout.

En fait, la nature horrible de ce dont nous avons été sauvés ne fait qu’intensifier la gloire de ce à quoi nous avons été sauvés. En outre, alors que nous voyons toujours plus clairement l’horreur de l’enfer, nous regardons avec toujours plus d’amour, toujours plus de gratitude et toujours plus d’adoration Celui qui a enduré cet enfer pour nous et nous a sauvés.

 


Cet article a été traduit par Timothée Davi.

Cet article a été traduit et publié à l’origine par Revenir à l’Évangile, un ministère situé au Québec. Rendez-vous sur leur site Web pour trouver des ressources similaires.

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