Prédication & théologie

La théologie biblique triomphe de l’évangile de la prospérité

Article
15.01.2014

Le psaume 23 est le passage le plus aimé dans la Bible et dès lors certainement l’écrit le plus chéri de tous les temps. Ses promesses et ses encouragements sont si clairs qu’il n’a guère besoin d’être interprété. Tout au plus, les enseignants de la Bible ont-ils dû rappeler aux croyants que le berger et Seigneur dont le psaume parle n’est autre que le Seigneur Jésus-Christ. Jésus donna sa vie pour ses brebis et permit que les promesses du psaume s’accomplissent.

Cependant, entre les mains de ceux qui enseignent la Bible pour un profit égoïste, le verset introductif promet qu’aucun croyant ne manquera jamais de quoi que ce soit : « L’Eternel est mon berger : je ne manquerai de rien. »

Selon leur interprétation, les croyants ont accès aux trésors de Dieu, ce dernier les libérerait afin qu’ils puissent avoir tout ce qu’ils veulent. En partant de ce principe : « ce que je confesse, je le possède ! »

Obtenir, donner… tout particulièrement à l’enseignant

Mais ces enseignants vont plus loin. Encore une fois, interprétant mal l’Écriture, ils expliquent que cette abondance promise requiert certaines conditions afin de se réaliser. Le partage abondant de Dieu se base sur le don généreux effectué par la personne, généralement à l’enseignant ! Et ici, passages après passages de l’Écriture sont utilisés :

Donne-lui, et que ton cœur ne lui donne point à regret ; car, à cause de cela, l’Éternel, ton Dieu, te bénira dans tous tes travaux et dans toutes tes entreprises. (Dt 15:10).

Honore l’Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu : alors tes greniers seront remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût. (Pr 3:9-10).

Tel, qui donne libéralement, devient plus riche ; et tel, qui épargne à l’excès, ne fait que s’appauvrir. L’âme bienfaisante sera rassasiée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé. (Pr 11:24-25).

L’homme dont le regard est bienveillant sera béni, parce qu’il donne de son pain au pauvre. (Pr 22:9).

Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées, et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. (Ml 3:10).

Sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie. Et Dieu peut vous combler de toutes ses grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre, selon qu’il est écrit : « Il a fait des largesses, il a donné aux indigents ; sa justice subsiste à jamais. » Celui qui « Fournit de la semence au semeur, et du pain pour sa nourriture, » vous fournira et vous multipliera la semence, et il augmentera les fruits de votre justice. (2 Co 9:6-10).

La raison pour laquelle l’évangile de la prospérité a pris une telle place dans l’Église est évidente. Non seulement cet évangile est alimenté par la cupidité pécheresse à la fois des enseignants et des auditeurs, mais il semblerait que Dieu enseigne clairement que celui qui donne reçoit.

Alors comment pouvons-nous combattre cette fausse doctrine qui ravage l’Église ?

Des croyants malfaisants ou des croyants mal informés ?

Dans mon propre contexte sud-africain, comme sans doute ailleurs aussi, il faut d’abord se demander si le faux enseignant enseigne de cette façon en tant que croyant malfaisant ou en tant que croyant mal informé.

Beaucoup d’enseignants de la prospérité prêchent ainsi en tant qu’ennemis de Dieu. Ils ne tiennent pas de positions orthodoxes sur la Divinité, ou n’enseignent pas que la voie du salut est par Christ seul. Ceux qui se retrouvent dans cette catégorie ont besoin de nos prières et de notre témoignage évangélique. Ils se mènent eux-mêmes et leurs disciples en enfer en prêchant un évangile qui n’est pas du tout l’Évangile.

Mais il y a un autre groupe très commun (en Afrique du Sud, du moins) : les croyants mal informés.

Ces prédicateurs mal informés croient et enseignent l’évangile de la prospérité plus par ignorance que par malfaisance. Leur sincère désir est de maintenir la Parole de Dieu, mais leur lecture stricte et rigide des Écritures, ignorant les règles du genre d’un texte ou la place d’un texte dans l’histoire biblique de façon plus large, les conduit à dériver de la vérité.

Ce qu’il faut : de la théologie biblique

De quoi a besoin ce deuxième groupe ? Ils ont besoin qu’on leur enseigne de la théologie biblique.

La phrase « théologie biblique » peut simplement faire référence à une théologie qui est biblique. Cependant, je l’utilise ici dans un sens plus technique pour faire référence à une façon de lire la Bible comme une seule histoire, par un seul auteur, à propos d’un seul Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ. La théologie biblique nous apprend à lire chaque passage de l’Écriture à la lumière de la personne et de l’œuvre de Christ (voir, par exemple, Lc 24:27, 44-47 ; Jn 5:39).

La façon de toute évidence littérale de lire tout passage de l’Écriture comme « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien » est perçu par beaucoup comme constituant la marque du véritable discipulat. Cependant, si une telle lecture ne respecte pas les règles du genre d’un texte ou de la place de ces textes dans l’histoire biblique plus large, elle déforme la Parole de Dieu. De telles lectures doivent être démasquées avec amour comme étant une façon inadéquate d’interpréter le message de la Bible.

Une théologie biblique de la richesse et de la prospérité

Par exemple, qu’est-ce que la Bible enseigne sur la richesse et la prospérité ?

Les premiers chapitres de la Bible enseignent clairement que, en qualité de Créateur, Dieu est le propriétaire de toutes choses (Ps 89:11). Toute richesse lui appartient donc (Ps 50:10) et se doit d’être utilisée pour régner sur la terre et lui rendre gloire par l’adoration de son Fils et le service rendu à son peuple.

En tant que propriétaire de tous, Dieu désire que nous, ses créatures et ses dirigeants sur la terre, désirions une relation avec lui, plutôt que de nous attacher aux choses qu’il a créées pour nous servir (Mt 6:31-33). Cependant, l’humanité a sans cesse adoré les choses créées plutôt que le Créateur et a utilisé les choses matérielles à des fins égoïstes.

Cela fut le cas tout au long de l’histoire. Dès lors, l’on ne peut qu’être surpris quand Dieu agit gracieusement envers Abram, lui promettant, ainsi qu’aux générations qui le suivraient, un royaume magnifique qu’il bénirait matériellement afin qu’ils puissent faire ce que Dieu voulait pour Adam : régner sur la création dans le but d’adorer Dieu et de servir les autres, tout en étant une lumière pour les nations (Gn 12:1-3, 15:1-18). Les nations étaient censées observer Israël et les considérer comme un peuple sage et béni, puis se tourner vers leur Dieu afin d’être inclus parmi son peuple (Dt 4: 1-8).

Pour les préparer à être cette lumière et pour les préparer à la vie dans la Terre Promise, Dieu a donné à son peuple la Loi (Ex 19-20), après quoi il a promis que ceux qui se soumettraient à son règne recevraient une bénédiction matérielle, tandis que ceux qui rejetteraient son règne feraient face à sa malédiction, souvent décrite en termes de pauvreté matérielle (Dt 28:1-68).

Cependant, malgré cet avertissement, les prophètes étaient toujours tenus de prêcher des messages d’avertissements à ceux qui choisissaient de poursuivre leur propre richesse plutôt que d’être riches envers Dieu (par exemple, Es 5:8-10). Même après avoir subi la punition de l’exil pour avoir refusé une allégeance complète à Dieu, le peuple de Dieu a continué à choisir son propre confort et son plaisir au lieu de la gloire de Dieu (Ag 1:4).

Tout au long de la période de l’Ancien Testament, les sages enseignèrent au peuple de Dieu qu’il n’y avait point de sagesse à choisir quoi que soit d’autre à la place du Créateur. La sagesse, fondée sur le caractère de Dieu, dictait que la générosité aurait des résultats positifs dans la vie du donateur, alors que l’égocentrisme aboutirait à la futilité.

Un seul homme a tenu compte de l’avertissement et a eu la sagesse d’obéir à l’appel de Dieu de se soumettre de façon obéissante. Jésus, malgré les tentations de Satan, a vécu dans l’obéissance parfaite à la loi de Dieu (Mt 4:1-11). Par conséquent, il exerçait une domination parfaite sur toute la création comme on le voit dans son apaisement des tempêtes (Mt 8:23-27), la guérison des malades (Mt 8:14-17) et même par le fait qu’il a dominé la mort (Mt 28:1-20).

L’appel de Jésus aux gens était, et est, que nous agissions avec sagesse et obéissance et nous soumettions au plan de Dieu pour nos vies : se repentir du péché et avoir foi en Jésus, le Roi révélé de Dieu. Sa mort sur la croix offre le pardon dont l’humanité égocentrique a si désespérément besoin et sa résurrection assure la vie éternelle avec lui.

Les auteurs du Nouveau Testament faisaient écho à l’enseignement de Jésus qui, par sa parfaite obéissance, était devenu sage et prophète d’Israël. Ils ont averti l’église de faire attention à l’amour de l’argent et ont exhorté le peuple de Dieu à rechercher la satisfaction et la générosité pour la croissance du royaume de Dieu (1 Tm 6:6-10, 17-19). Grâce à leur enseignement, nous savons qu’à ceux qui se rassemblent autour de Jésus (l’église) sont promis le soin quotidien de Dieu et sa provision (Ph 4:19). Mais cette promesse de provision matérielle et même de bénédiction n’est pas chose certaine de la même manière qu’elle l’était pour Israël, Dieu ayant révélé que les possessions matérielles n’étaient pas une indication de leur fidélité ou de leur obéissance. En fait, Jésus a enseigné qu’il peut appeler avec amour l’église à souffrir pour sa gloire en tant que témoin d’un monde obsédé par soi-même, en manifestant son désir de le chérir par-dessus tout (Mt 5: 3-12). Pour tout croyant, cette souffrance sera une joie, car il sait que le Christ est son trésor, et que rien ne peut jamais le séparer de Christ (Rm 8: 35-39).

Pour le croyant, l’éternité signifie jouir de Christ, son trésor, qui surpasse même la promesse de Dieu d’une grande abondance et la bénédiction étant répandue sur son peuple pour toujours.

Tout enseignement qui va au-delà de ce simple aperçu biblique, promettant plus de prospérité que les Écritures, doit être corrigé. Seul le Christ est notre trésor. Il est notre bénédiction ! Ceux qui enseignent et ceux qui écoutent doivent comprendre qu’aucune partie de l’Écriture ne peut être considérée comme se tenant en contradiction avec ce message global des Écritures, ou offrant une bénédiction autre que le Christ ou d’une source autre que Christ.

En tant que discipline, la théologie biblique oblige quiconque la pratique à se poser des questions sur le texte avec lesquelles tout croyant devrait venir à bout : « Pour qui ce texte a-t-il été écrit ? Quand a-t-il été écrit ? Pourquoi a-t-il été écrit ? » C’est seulement une fois que l’on a répondu à ces questions que l’enseignant peut passer de « eux, là, alors » à « nous, ici, maintenant ».

La théologie biblique, le plus grand antidote

L’étude de la théologie biblique – ou tout simplement : le fait de lire chaque texte de la Bible dans son contexte – est le plus grand antidote face à la doctrine de la prospérité mal informée.

Elle exige que nous ne lisions pas la Bible de façon sélective.

Elle exige que nous soumettions chaque pensée ou idée que nous pouvons avoir à la Parole de Dieu.

Elle exige que nous reconnaissions que le point central de la Bible est le règne et la gloire de Jésus plutôt que notre propre confort et notre prospérité.

Elle exige que nous considérions qui était le public cible initial et quelle était la situation dans laquelle il se trouvait avant de faire une transition trop rapide à notre situation au 21e siècle.

Et une telle étude exige que nous considérions le présent à la lumière de la promise lumière de l’éternité, ne permettant pas à notre présente lumière et nos momentanés problèmes de faire de l’ombre au poids éternel de gloire.

 


Cet article a été traduit par Timothée Davi.

Cet article a été traduit et publié à l’origine par Revenir à l’Évangile, un ministère situé au Québec. Rendez-vous sur leur site Web pour trouver des ressources similaires.

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